La porte de la maison s'ouvrit dans un faible grincement. Un Enripsa tout de noir vêtu, mais aussi noir de crasse il faut bien l'avouer, fit son entrée. Un courant d'air fit claquer la porte brusquement.
L'individu s'arrêta pour contempler la salle, faiblement éclairée par quelques bougies disséminées. Il contemplait sous une capuche d'un propreté douteuse, les personnes présentes d'un oeil vitreux, presque spectrale. D'un mouvement ample, il rejeta sa capuche dévoilant un visage froid et inexpressif, au teint cadavérique. Il s’avança de quelques pas, provoquant les grincements du plancher sous ses bottes noires.
L’Eniripsa mesurait chaque mouvement, conscient de chaque souffle d’air. Il passa devant une bougie, et on vit brièvement l’ombre d’ailes parcheminées projetées sur le sol. Il fit un nouveau pas lentement, puis un autre, puis il butta contre une planche surélevée et s’effondra de tout son long dans un nuage de poussière.
Il se releva dans un juron en pur patois de Trool, se redressa en jetant un œil circulaire à l’assemblée, épousseta ses vêtements et repartit d’un pas qui se voulait digne vers le fond de la salle.
L’Eniripsa prit une plume et un parchemin, s’installa à la table pour écrire tout en fusillant du regard cette fichu planche. C’est vrai quoi, c’est criminel de faire une planche surélevée.
« Bonjour membres de Lasta, je m’appelle Nimorud, disciple des mains d’Eniripsa. Je viens à vous dans le but de rejoindre votre guilde.
Je suis adepte des expérimentations alchimiques en tout genre, pourvu qu’elles soient inédites et interdites. Je laisse derrière moi une longue histoire du côté de Bonta et des lointaines de Sidimote que je préfère oublier.
J’aime à discuter avec toutes sortes de gens, en apprenant leurs langages et leurs caractères, sauf les bworks du Nord, et ainsi, trouver un moment de paix en discutant. Quant à mes talents, j’ai l’esprit assez versatile et je panse les blessures quand l’humeur m’en prend.
Bref, j’aimerai vous rencontrer, surtout depuis qu’une amie m’a parlé en si grand bien de vous. »
Nimorud posa le parchemin sur le tas, se leva et fut pris de quinte de toux. Après quelques crachats derrière un pilier, il repartit d’un pas nonchalant, fusillant au passage la fameuse planche.
Il rejeta sa cape d’un mouvement ample, sortit souplement en claquant la porte. On entendit alors un second juron puis un bruit de cape qui se déchire et un petit bout de tissu retomba au pied de la porte.